Lundi 10 Mars 2003

 

 

10h23 : C'était hier

C'était dimanche. Sitôt levée je me suis rendue à la cuisine où mon bol m'attendait. J'écoutais un reportage sur France Inter lorsque mon père est entré à son tour. Au bout de plusieurs tours de piste, il est allé près du poste et a changé arbitrairement la fréquence. Quand je me suis insurgée que j'écoutais il a bondit sur moi et m'a hurlé : "on s'en fout que tu écoutais ! T'as qu'à aller écouter dans ta chambre, t'es rien ici d'accord ?" et se penchant au dessus de moi : "rien qu'une petite merde inutile !" Je ne sais plus ce que j'ai crié pour me défendre de cette phrase cinglante, je me souviens que j'ai empoigné le pot familial de Nutella et que j'en ai donné un grand coup sur la table, lui montrant par ce geste que j'étais prête à toutes les folies. Je lui ai dit, je crois, "c'est moi qui suis inutile ici ? Tu es sûr ?" Il a fait mine de lever la main sur moi et je me suis campée sur mes jambes, de toute ma hauteur : "Tu sais ce qu'elle te dit la petite merde inutile ? Elle t'emmerde ! Voilà ! Elle t'emmerde !" Rouge de colère il a encore dit dans sa barbe : "on verra bien quand tu n'auras plus rien à manger et que tu dormiras dehors, si tu m'emmerdes..." Maman a passé une tête dans la cuisine et m'a dit d'une voix triste : "Scrib, tais toi... Si tu ne le fais pas pour moi, fais le pour ton cœur." Je n'ai rien dit, j'étais trop sidérée. Je me suis forcée à finir ma tartine, la dernière bouchée encore étranglée dans la gorge, ne voulant pas lui laisser l'arène alors que je mourrais d'envie de partir. Finalement, dans un temps qui m'a paru une éternité, je suis allée laver mon bol dans l'évier et je suis partie doucement. Ce n'est qu'une fois dans ma chambre que je me suis mise, une fois de plus, à pleurer.

 

J'ai téléphoné à Russel, je suis allée dire à ma mère que je ne déjeunerai pas à la maison et je me suis vite lavée et habillée pour quitter la maison. C'est seulement dehors que j'ai eu l'impression de récupérer un peu d'air. Dedans j'étais en apnée... Nous nous sommes retrouvés dans une brasserie, nous avons commandé des plats (il était plus de 15h mais je n'avais toujours pas encaissé ma tartine du matin), du vin et nous avons parlé. Même si Russel est un modèle de principes concernant la façon dont on se doit de parler à nos parents, j'ai vu son regard cillé quand je lui ai rapporté les mots du matin. Plus tard, Alice a téléphoné pour dire qu'elle n'irait finalement pas voir sa copine en province et Karen m'a aussi contactée pour m'annoncer qu'elle venait de quitter l'appart à cause de l'attitude de son copain... Je lui ai proposé de nous retrouver, ce qu'elle a fait. Nous avons passé l'après midi à parler tous les trois autour d'un café dans de confortables canapés. Au moment d'aborder une fois de plus ma situation familiale et professionnelle, j'ai craqué de nouveau. Je savais que les propos de Russel étaient justes mais ils étaient durs à entendre, à entendre surtout ce jour-là. Ni Karen ni moi n'avions envie de rentrer chez nous. En sortant du restau, nous sommes allés tous les trois nous promener dans un parc et le soleil pur déclinant, l'air doux et les sculptures modernes ont fini de clore cet après midi sur une note esthétique et sereine. Une fois rentrée sur la pointe des pieds vers 19h, j'ai filé dans ma chambre, prétextant que je n'avais toujours pas faim. Là, devant l'ordi, Ben qui m'envoie un message. Il me demande si ça va... Je lui joue l'enjouée, j'apprends qu'il garde son poste jusqu'au 9 mai. Il ne glisse pas un mot sur le bracelet à changer, ni une allusion sur la façon dont on s'est quittés la semaine dernière. Lorsqu'il se met à me parler de jeux vidéo, je clos la conversation, lui mentant sur le fait que je dois me rendre au cinéma. Je le sens joueur, indifférent, lointain. C'en est trop pour ce dimanche, je décide implicitement de faire une croix définitive sur lui. Alors qu'il alternait attitude désagréable et bonne action, le voilà qui me déçoit deux fois d'affilé. ça y est, je sens que je ne l'aime plus. Voilà presque 7 mois que je l'estime bien au delà de sa réelle valeur. Russel m'a insufflé un peu de cette force qui suffit à dire "stop". Je ne peux pas faire grand chose pour mon avenir professionnel, ni familial, mais cette situation-là, je peux l'arrêter... 

 

Alice m'encourage, Russel me dit que j'ai bien fait, je pense à Karen qui ne doit pas être à la fête en ce moment et je décide de me changer les idées en chattant avec un type rencontré de peu sur le net. De l'autre côté de la petit fenêtre on me répond que ce n'est pas le mec à qui je croyais parler mais son colocataire de 20 ans. Il est amusé de me parler, moi aussi. Nous dissertons de tout et de rien jusqu'à minuit. C'est un gentil jeune homme et malgré les 9 ans qui nous séparent, je le trouve mature et bien intéressant. Le voilà qui me parle de ses projets de voyages, je lui raconte un peu de mon Canada... Grâce à lui je finis cette bien étrange journée sur une pensée positive. Tant qu'il reste des rêves, il y a des choses à accomplir ! A noter, cette phrase qu'il me sort sur les échanges internetaux : "Quand on parle sur le net, il faut rester soi même, c'est la meilleure façon de désarmer les menteurs".

 

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