Lundi 24 Mars 2003

 

 

19h06 : Le soleil se couchera dans 3 minutes...

Il faisait 22° à 14h30 sur la terrasse d'Alice. On a sorti nos mots fléchés des vacances, nos lunettes de soleil et avons bu en débardeur de la Cristalline Grenadine en trinquant à notre chômage qui, ce lundi, avait du bon... Hier maman m'a emmenée au Salon du Livre (sa douceur et sa bienveillante gentillesse m'ont prouvée qu'elle ne m'avait pas tenu rigueur de mon emportement du matin) Nous avons rencontré et échangé quelques mots avec Jean Markale, Boris Cyrulnik, Salomé, Marie Claire Pauwels, Vincent Malone, Jean Édouard du Loft (!), Jean d'Ormesson, Laurence Boccolini, Isabelle Giordano et bien sûr, last but nos least, Bernard Werber... De 13h30 à 17h30, nous avons erré parmi les éditeurs, les romanciers, la Halle sentait le papier et la fumée de cigarettes des exposants... Nous nous sommes offertes quelques livres, avons flâné et fait de longues queues pour rencontrer nos héros. 

 

Quelques anecdotes souvenirs :

 

- Bernard Werber est bien moins accessible et proche de ses lecteurs que je ne le pensais... A un jeune homme de 15 ans, bredouillant, qui lui tendait une nouvelle de son crû il a dit : "désolé mais je ne peux rien faire pour vous aider à éditer !" Le jeune homme lui a répondu qu'il ne souhaitait pas être édité mais juste lui remettre sa nouvelle inspirée des romans de son idole, comme simple cadeau... A la suivante qu'il a à peine regardé en dessinant un papillon au marqueur sur son livre, tout occupé qu'il était à plaisanter avec son éditrice, il n'a pas dit un mot... A une autre qui lui demandait si ça ne le dérangerait pas de signer son livre il a répondu dans un soupir "Chui là pour ça alors va bien falloir !" C'est simple ! Il ne nous voyait pas ! Il était tout à sa gloire, imbu des 5 millions de lecteurs qui l'achètent et l'adulent... A moi il a gribouillé quelque chose (mais est-il dessinateur ou écrivain ?) il a remarqué mon pendentif "capteur de rêves" m'a fait une réflexion dessus puis m'a parlé de son chat. Lorsque je lui ai tendu "le livre du voyage" que je destinais à Russel, il a écrit dedans "Pour Russel, envole toi !" Enfin je le retrouvais... Peut être trop tard... Déception de la groupie... Alors en fait, il n'écrivait pas que pour moi ?

 

- Dans la file d'attente pour Werber, cette bourgeoise qui, ne doutant de rien, me raconte qu'elle a un train dans une heure et qu'elle aimerait bien passer devant moi pour aller plus vite dans l'obtention d'une dédicace. Je lui réponds vertement que cela fait une heure et demie que j'attends et qu'on ne va pas au Salon du Livre avant de prendre un train ! Ce n'est pas mon problème et je suis passablement énervée par tant de manque de savoir vivre... Je la recroise, bien entendu, 1h30 plus tard, flânant dans les rayons et l'alpague en lui disant qu'apparemment c'est foutu pour son train ! Grrr...

 

- Jean Markale, au moins 95 ans de sagesse et de rides, tout seul derrière son étal à qui je dis "vous êtes mon Merlin et vous m'avez enchantée !" Pas déçue du voyage pour le coup ! Un vrai druide sur pied ! :-)

 

- Jean Édouard dans qui je cogne en me disant "mince, mais je le connais ce gars là ! On était pas ensemble au collège ??" Finalement je lui arrache un autographe, il me demande à quel nom je lui réponds... Pour Karen ! ;o)

 

- Salomé qui me troue le cul en lâchant ouvertement et devant tout le monde à une jeunette en larmes, paumée et avide d'un gourou : "C'est parce que vous êtes en colère que vous avez des boutons, vous savez !"

 

En rentrant, lessivée par mon dimanche vraiment pas reposant, mes nouveaux livres étalés par terre comme autant de médailles de la bataille acharnée que j'ai mené dans les allées, je décroche le téléphone et tombe sur un Russel qui a envie de poursuivre notre conversation de vendredi soir... Apparemment il a passé deux jours éprouvant à y réfléchir et à en baver. Il me redit tout son amour, j'en suis toute chamboulée. Il veut qu'une bonne fois pour toutes je lui dise qu'il n'est pas assez bien pour moi et que je l'envois paître en lui criant mon indifférence. Je n'arrive pas à m'y résoudre, je n'aime pas tenir le rôle de celle qui éconduit. Surtout que dans ce cas précis j'aime infiniment la personne que je suis sensée éconduire. Je me sens obligée d'être méchante, ne pouvant pas lui offrir ce qu'il désire. Je me veux brusque, sans concession, il m'offre de m'attendre, d'attendre sans bruit dans un coin. Ce n'est pas une place pour lui ! On s'énerve, je pleurs... Je me demande parfois s'il n'était pas au bord de pleurer aussi... Ca m'est extrêmement difficile de me séparer de lui, j'ai besoin de lui pour le frère qu'il est pour moi, pour l'indéfectible ami qu'il représente, pour sa force, sa tendresse mais je me pousse, pour lui, à ne pas faire l'égoïste... De toutes façons il est trop tard, je sais maintenant à quel point il m'aime et j'aurais trop de mal à adopter une attitude naturelle avec lui. J'aurais toujours cette culpabilité de ne pas pouvoir lui donner ce qu'il mérite : un bel amour. J'aurais sans cesse l'impression de me moquer de lui, de jouer avec ses sentiments de lui parler d'amitié quand il n'est qu'amour (donner du pain à celui qui a soif). Lorsque je lui dis qu'il vaut mieux qu'on se sépare définitivement, il me jure qu'il préfère me garder comme amie plutôt que de me perdre totalement... Cruel dilemme. Je sens que ce n'est pas la bonne solution pour lui, il me renvoie que je ne sais pas ce qui est bon pour lui, que seul lui sait. Je ne cède pas. On raccroche.

 

Je passe la soirée à me demander "et si je m'étais trompée ? Et si nous pouvions sauver encore notre amitié ? Et si il me suffisait d'user de tact et d'être un peu plus distante pour qu'il n'arrive à voir en moi qu'une amie, avec le temps...?" Je me mets à m'inquiéter, je l'ai laissé dans un sale état, j'ai peur qu'il "déconne" comme il le faisait avant... Je l'appelle. Il est si heureux de m'entendre que ça m'en fait mal... Je lui dis que je veux bien essayer mais qu'il faudra du temps pour que tout revienne dans l'ordre même si pour l'instant je n'y crois guère... Il rit, il promet, il a l'air heureux. Si heureux que je commence déjà à regretter ma faiblesse. Je me sens terriblement égoïste. Tout ça n'augure rien de bon... Chaque mot a planté un clou, comme dans la parabole, on a beau les avoir retirés, il restera toujours les marques...

 

Mon père a apparemment fini par poser ses impôts. Il doit cacher quelque chose, il n'a même pas fait signer ma mère alors que leur feuille est commune... Sale con !

 

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C'est mieux qu'hier, c'est sûr... ça ne pouvait pas être pire ;-)

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