Mercredi 04 Décembre 2002

19h42 : Je sais, je me suis faite attendre...

Mais bon, je vous avais prévenu, il n'y a plus que le journal dans ma vie ! Et puis c'est simple, en ce moment, je n'ai le temps de rien, pas même celui précieux que j'aimerai consacrer à ma petite famille outre flaque. J'ai beau être en pensées régulièrement reliée (dans les excellents mais aussi dans mes moments de doute) avec Madame Lune, ma Tantine et Mimi, je n'ai même pas le temps (le décalage horaire n'aidant pas) de les appeler pour entendre leurs conseils et leur charmant accent... Elles me manquent... A Paris, c'est toujours la gadoue. On se damne pour un moment de soleil où tout devient possible et les soirées sont longues, plongés que nous sommes dans une pénombre de plus en plus précoce. Heureusement que je m'active, sinon, avec cette maudite période des fêtes qui arrive, je n'aurai le goût de rien. Là, il faut avancer, les rendez vous, les petites activités s'enchaînent et ça rempli mes journées.

Dimanche j'ai passé une très belle après midi avec Ben enfin retrouvé. Nous avons travaillé un peu sur le budget qu'il a décroché avec sa boite de prod (un produit de crédit, comme quoi même les arnaques ont besoin de bonnes pubs !) Il s'agit d'une première pour moi puisque ce sont des spots télé. Nous avons donc travaillé les scénarii et aussi pas mal parlé. De nos vies, de nos passés, et comme d'habitude, c'était le pied ! A 19h30 nos estomacs criant famine, il a insisté lourdement pour m'inviter au restaurant mais j'ai préféré que nous restions chez lui à grignoter des plats tout prêts. Plats qu'il est allé chercher, peu après une scène très désagréable que j'ai dû supporter... Je n'ai pas envie de m'étendre sur le sujet mais en quelques mots une fille l'a appelé. Une téléspectatrice qu'il a rencontré sur une de ses émissions. C'est vendredi soir qu'ils ont dîné ensemble et c'est en la ramenant qu'elle l'a embrassée... Après la belle après midi pleine de complicité que nous avions passée ensemble, se cajolant comme d'habitude, après qu'il ait insisté pour dîner avec moi, qu'il ait proposé de dormir chez lui, cette nouvelle m'a fait l'impression d'une douche froide ! Lui même était dans tous ses états ! Il était glacial au téléphone avec elle, m'a répété mille fois qu'il avait fait une énorme connerie, qu'il n'avait strictement rien ressenti en l'embrassant, et surtout il était extrêmement perturbé d'avoir dû m'avouer ça... Je me suis enveloppée dans ce qu'il me restait de fierté et je lui ai dit qu'il n'avait pas de comptes à me rendre, que tout allait bien... Mais non, rien n'y fit, il bafouillait des choses comme : "elle je l'aime pas et je l'embrasse alors que toi... ble ble ble... l'inverse... ble ble ble" De retour avec le dîner, il a ouvert le vin, et nous avons repris nos conversations comme si (presque) de rien était... Sauf qu'après il avait légèrement trop bu pour me ramener et que j'ai du dormir chez lui... Il m'a prêté un caleçon de bain (!) et on s'est mis au lit devant le dernier Star War. A la fin du film, il a voulu me prendre dans ses bras, et je lui ai bien entendu dit ce que j'en pensais ! Grrr... C'en est suivi une nuit blanche faite de discussions animées (je me lève, il se lève, je pars, il me retient, il s'endort dans mes bras, nous nous disputons, il me fait une petite déclaration en continuant sur le principe du "je ne veux personne dans ma vie, ni toi, ni elle, même si je n'ai jamais vu de fille comme toi, même si j'éprouve une infinie tendresse pour toi, même si je n'ai jamais parlé comme ça avec personne..." je lui réponds que je le déteste d'être si flou, que le lendemain je partirai pour de bon puis on se relove dans les bras l'un de l'autre, il me dit "on est si bien" et ainsi de suite... Jusqu'à 6h30 du matin.

Quand il s'est levé à 9h30, je l'ai laissé me caresser le bras, j'ai attendu qu'il s'en aille dans la salle de bain, je me suis habillée en vitesse et je me suis sauvée... Comme je lui avais prédit vers 4h. En claquant sa maudite porte, ça l'a alerté et il est sorti en trombe, me rejoignant au haut de l'escalier... Je ne me suis pas retournée, il n'a pas dit un mot et je suis rentrée, crevée, dans un temps de glace, le moral dans mes Clarks. Lundi j'ai tout de même retravaillé les spots télé pour notre pub (une promesse est une promesse et je suis une vraie professionnelle !) J'étais étrangement détendue. Sans doute gorgée de ses caresses, sans doute aussi trop hébétée par ma nuit blanche pour y comprendre quoi que ce soit, peut être aussi soulagée d'avoir pris la meilleure décision nous concernant... En tout cas, j'allais assez bien vu les circonstances. Alice est passée boire un thé et enfin nous avons pu rire, déconner. Elle m'a montrée ses très belles photos de Madère et est partie vers 19h. Je me suis couchée pas bien longtemps après...

Hier, mardi, Ben devait présenter nos pubs au client. Mine de rien je croisais les doigts pour que ça marche ! J'étais anxieuse... J'aurai tant voulu savoir... A 12h j'ai reçu ce sms de sa part : "Bonjour, j'espère que tu vas bien, nous avons décroché le contrat ! Je t'ai envoyé un email, dis moi ce que tu veux faire" Le dit-email disait ceci : "bonjour, ce message est professionnel, je comprendrais que tu ne veuilles plus entendre parler de moi, mais c'est un boulot et je te paierai . Dis moi ce que tu veux faire.... Bon ! Pour l'instant on a le budget, ils ont aimés 3 idées : 2 fois 10" et 1 fois 20" (le testimonial des nanas) tu es donc embauchée par *** (<-- le nom de sa boite NDRL) (Whaou !) Peux tu retravailler ces textes et me les renvoyer, pour que je puisse faire établir un story board ! Il leur faut un dossier pour jeudi ! Voila, bon courage, Ben" 

J'en suis restée comme deux ronds de flan ! Je le détestais et en même temps comment cracher sur une pub télé et des sous à la clé (au moins 2000 frcs par jour !) ? Croyez moi mes krokros ne mélangez jamais le travail et les sentiments, c'est intenable comme situation ! J'ai renvoyé un mail skud force 10, lui disant combien je le trouvais abject mais j'y stipulais aussi que j'allais bosser ses putains de textes !!! 10 minutes après il m'appelait en me demandant d'une voix émue de bien vouloir mettre entre parenthèses pour quelques temps "notre histoire" pour nous concentrer sur notre raison de vivre : le boulot. J'acceptais et nous avons passé l'après midi à s'échanger nos versions, nos corrections et nos points de vue. Toutes ses interventions étaient pleine de gentillesse, de tact et finalement ça ne s'est pas trop mal passé. Il se trouve qu'en plus j'ai eu pas mal d'autres bonnes nouvelles... Alice m'a parlée de faire notre nouvel an à Londres, j'ai répondu à une offre d'emploi très intéressante, et le centre d'études "de peaux saines" m'a re-contacté pour que j'y retourne mardi prochain 3h (60 euros yessss !!!)

Hier soir, mal à l'aise d'avoir été froide toute la journée avec Ben alors qu'il était évident que je l'aimais tout aussi fort qu'avant, j'ai décidé de vider mes tripes sur la table et vers 21h je lui ai écrit une lettre... Uhhhhh ! Une vraie lettre d'amour de folie ! Vous voulez la lire ? La voici...

"Je n'arrive pas à concevoir que le souvenir de ce merveilleux échange de tendresse qu'on a partagé dimanche soir soit tout ce qu'il me reste du bonheur que j'avais d'être près de toi. Je regrette de m'être finalement endormie l'autre nuit, j'aurai dû goûter encore plus pleinement la douceur de tes cheveux lorsque tu avais ta tête posée sur mes genoux… Mais la minute suivante je regrette finalement de ne pas m'être "sauvée" plus tôt…. Sans doute qu'il me serait arrivée de vilaines choses si j'avais pris un taxi à 4h du matin, mais je pense que je m'en serai sans doute mieux remise que maintenant où je t'entends me dire encore " non, reste, on est bien "…

Je sens aussi la douceur de ta main sur mon bras et je préfèrerai vivre mille morts plutôt que d'avoir à encaisser ces vagues de réminiscences qui m'assaillent tout au long de la journée alors que je fais tout mon possible pour te sortir de ma tête. C'est une torture et je n'y arrive pas. Tout me revient en bloc : les fous rire, les sous entendu, les petits massages, les rigolades en moto, les repas arrosés, every breath you take et say you say me, les thés tièdes, les séances de travail bouillonnantes de créativité... J'aurais tellement voulu lire ton scénario de court, j'aurais tellement voulu savoir de ce que tu pensais du texte de mon père, j'aurais tellement voulu écrire des films avec toi… Je n'étais pas préparée à être de nouveau heureuse comme ça, simplement avec quelqu'un qui me ressemble.

J'aimerai pouvoir te détester pour cette fille que tu embrasses " sans rien ressentir " (peut être même en ce moment même alors que je t'écris cette lettre…), pour tes phrases assassines (" oui, je suis sûr que tu vas trouver quelqu'un qui t'aimera " ; " je n'ai pas envie de te faire souffrir " …) Je voudrais te détester pour m'avoir laissé filer lundi matin, te haïr pour m'avoir réécrit pour ce job… Mais je ne peux pas ! Je ne vois plus que les bons moments, la gentillesse, les rires et cette compréhension qu'on a pour les maux de l'autre. Je ne me souviens plus que de nos longues conversations, de cette facile évidence qu'on a d'être sûrs de ce que l'autre va dire à chaque fois qu'on se regarde. Et puis, je redescends de mon nuage en même temps que remontent les larmes… " Il ne m'aime pas ! " S'il m'aimait il prendrait ce risque énorme de souffrir peut être un jour, de nouveau. Moi je souffre déjà et pourtant je trouve que trois derniers mois en valaient la peine… C'est toi peut être finalement qui te protèges trop… Toutefois, je ne pense pas que tu sois lâche, ni en arial black 72 ni en times new roman 8. Je pense que tu as juste eu peur de ce qui se tissait tout doucement entre nous, c'était sans doute de trop ou c'était trop " tôt ", tu as probablement eu peur que ton quotidien bien rangé en souffre, peur que tes habitudes changent, peur que la tornade color booster devienne infernale avec le temps... Mais je peux aussi me tromper… Peut être que simplement tu ne m'as toujours considérée que comme une bonne copine et que je ne suis rien de plus, malgré la tendresse (peut être pour me faire plaisir à moi uniquement ?) que tu me montres parfois mais qui me déstabilise tant…

Ce soir je réalise sommes toutes que tu m'as fait plus de bien que de mal et que j'ai encore envie de croire que nous vivrons un jour d'autres beaux moments... J'espère de tout mon cœur que ton énorme tendresse envers moi, (puisque c'est ainsi que tu l'as décrite), t'interdira de me perdre pour toujours, que tu vas te réveiller un matin en ayant la force de réaliser combien belle était notre petite histoire."

Hum... Je sais, vous me prenez pour une barge, et finalement, vous n'avez pas tout à fait tort... Arf. Mais ça ne s'invente pas une Scribouilleuse ! Il faut de vraies gamelles pour qu'elle existe ! ;o) Sincèrement, je n'attendais rien de lui en écrivant cela, il fallait que ça sorte et il fallait qu'il sache... C'est mon petit côté "j'aime bien faire ma surprenante"... Ce matin, j'ai vu Chiara pour un petit échange de k7 (plus tard, vers 15h, elle m'a téléphoné pour m'annoncer la meilleure nouvelle de l'année, elle a été reçu à son examen, elle est donc très officiellement INFIRMIÈRE !!!! Triple Ola !!) Bref, alors que je venais en plus de recevoir un appel de la super offre d'emploi pour laquelle j'avais postulé la veille (ils m'ont donné rendez vous vendredi matin triple yesss !!!) j'ai eu un "top message" (message laissé pendant que je suis moi même en communication) Damned ! C'était Ben ! J'ai tellement écouté et ré écouté son message que je le connais par cœur : "Bonjour, c'est le type qui fait des thés tièdes... Heu... Merci beaucoup pour ton courrier, vraiment, là, le type bosse beaucoup mais bientôt il te rappellera et aura le temps de parler..." Sa voix était douce, tendre, très gentille, pleine d'émotion. J'étais vraiment vraiment contente de ne pas avoir eu à décrocher ! J'avais les jambes en coton et Dieu que j'étais rouge !! Peu de temps après j'ai reçu ce mail de lui : "tout d'abord merci pour ton courrier d'hier, bien que je ne sois pas d'accord avec tous les termes ! le thé tiède , faut pas déconner ! ;o) Vu que je ne suis pas très explicite par email, je te propose une sorte de dédoublement de personnalité ! Ben = le type avec qui tu bosses et Ben2 = le gars avec qui on va voir des films d'action et du boire du thé tiède ! Donc, ici c'est Ben ! Voici le compte rendu de la boite de com & les textes qui vont avec ! Tenez moi au jus et gros bisous (la, c'est ben2)" S'en suivait le mail du client, les corrections à faire blablabla... et tout à la fin il a rajouté : "...et pis ça vous casserait le cul de m'écrire une lettre d'amour sur un bout de papier plutôt que par email ! bon dieu !" MDR... Je lui ai répondu : "Va pour le dédoublement, et pis moi, ça m'arrange ! Donc, si on résume y'a : 1/ Scrib du boulot, qui se demande dans quoi encore elle s'est embarquée ! 2/ Scrib2, qui ne compte pas décrocher son téléphone tellement elle est gênée, confuse, toute rouge, et vraiment pas à l'aise du tout... Ce mail est celui, bien sûr, de Scrib du boulot (Scrib a une particule parce qu'elle est "noble") parce que Scrib2 ne pourra pas te parler de la journée, premièrement parce qu'elle en est INCAPABLE (elle est morte de honte !!!!) et deuxièmement parce qu'elle sera absente toute l'après midi (je ne serai pas à la maison de 14h30 à 18h30...)" Je lui parlais ensuite uniquement de boulot.

Cet après midi, Alice est passée me prendre à la maison, je suis allée à la poste et nous avons terminé la journée au cinéma. Nous avons vu : "Ah ! Si j'étais riche", c'était assez drôle, Richard Berry y est atrocement bon dans son rôle de salaud ! Nous sommes rentrées (fallait bien, on allait pas dormir là !) et on s'est promis de revenir vendredi pour voir Harry Potter... Aujourd'hui étant sa grande sortie en salle, je ne vous raconte pas le monde qu'il y avait ! (mercredi, ça ne serait pas en plus le jour des "enfants" des fois ??) Et puis finalement, me voilà... J'ai encore du boulot avant la remise définitive des textes demain... Après ça sera le tournage (fin décembre, début janvier ?) et enfin la paie ;o) Demain j'ai un putain de nouveau rendez vous à l'ANPE, ils commencent sérieusement à me gonfler les bronches ceux-là ! Comme si je ne m'en trouvais pas toute seule du boulot (merde !) Mieux vaut que je ne me couche pas trop tard, juste histoire d'avoir assez de sommeil en réserve pour ne pas exploser à la figure de la conseillère demain ! (Sérieusement Madame Lune, c'est quand que tu viens bosser près de chez moi ??? ;o) 

PS : Je ne vous ai pas dit !!!! Ayé, la k7 des sketches est partie hier par la poste ! Demain Alain Chabat devrait recevoir nos délires en boite... ça ne serait pas trop trop fort qu'il m'appelle ? Arf...

PS 2 : Info de dernière minute ! Mimi vient de m'écrire : Soleil est en ce moment même en train d'accoucher ! Son "Pépin" arrive YESSS !!! Je pense fort à elle et j'espère que tout se passe bien ! Soleil, je t'aime, courage poulette !!! Bisous à toutes mes cocottes Mimi, Cath et bien sûr le futur papa ;o)

Ouf... C'était long aujourd'hui ! Pardon pour ceux qui ont une connexion payante :-P

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